Abasourdi et découragé. En 2016, une grande minorité d’américains pouvaient encore plaider l’ignorance dans son désir de remuer le système avec quelqu’un de nouveau. En 2024, la majorité sait exactement dans quoi elle s’embarque: elle est prête à sacrifier la démocratie pour un mirage de grandeur et de pouvoir d’achat. Je vais arrêter de vous ennuyer avec mes sordides élucubrations électorales presto et plutôt en profiter pour mettre à l’honneur ce que les U.S.A. ont de meilleur à offrir, soit David Berman. Qu’il me manque aujourd’hui.

Son œuvre exprime une profonde admiration pour l’Amérique : son immensité géographique, ses mythes, ses archétypes. Il aimait tout cela, mais sa musique évoque surtout la solitude profonde qui en découle. Derrière son apparence de slacker en phase avec son époque, se cache une sensibilité unique pour les punchlines métaphoriques et un perfectionnisme maladif. Il dépensera une bonne partie de son énergie à essayer des panser, par sa poésie, les délits moraux de son père, fameux enfumeur Républicain.

Les goûts se manifestent de façon assez mystérieuse. Qu’est-ce qui déclenche cette certitude absolue d’aimer un disque dès ses premières secondes? Peut-être sommes-nous tous nés avec un trou dans l’âme épousant la silhouette d’une oeuvre. Pour moi, cette silhouette est de toute évidence celle du Monument Valley traversé par une route, tel qu’illustré sur la pochette que vous avez sous-doute deviné en un temps remarquable.

Pour les fans de:
– “The alleys are the footnotes of the avenues.”
– “You can’t change the feeling, but you can change your feeling about the feelings in a second or two.”
– “Windex tears flow down the robot’s face, he’d never felt a mother’s embrace.”
–“Instead of time there will be lateness.”