Il aurait été logique que la fan de rock et de punk qui n'a pas peur des musiques violentes et bruitistes tombe rapidement dans le metal. Mais pour une mathématicienne, je ne suis pas très logique. Le metal m'a plu tard, j'ai longtemps été rebutée par sa communauté fermée, et les riffs putassiers un brin insupportables de ses plus illustres représentants.
Si l'on recommande souvent aux novices de découvrir le genre par des artistes de heavy metal aux titres tubesques, comme Iron Maiden ou Judas Priest, ce n'était pas le genre qui me plaisait à l'époque, trop proche de ce qui m'énervait le plus dans le hard rock (aujourd'hui, je m'en enchaîne en intraveineuse). Pour certains hipsters, plus fan de rock indé et de musiques expérimentales, c'est par les sous-genres les plus bizarres que l'entrée se fera étonnament plus facilement.
Le mysticisime de certains projets de black metal, le jusqu'au boutisme bruitiste d'un Full of Hell, le combo jazz et grindcore imporbable proposé par un John Zorn halluciné au sein de son Naked City... ou, pourquoi pas, les longs vrombissements assourdissants de Sunn O))) (prononcer "seune"). Leur projet découle de la logique poussé à l'extrême du doom metal, né 30 ans plus tôt au sein de Black Sabbath. Si le genre se caractérise par un ralentissement et un agravement de la note, totalement distordue, alors poussons les feedbacks, montons les potards, oublions la mélodie et faisons durer cet accord.
Sur leurs premiers disques, cette logique qui tient finalement plus du drone que du metal est dans son plus simple appareil. Difficile comme porte d'entrée. Mais sur Monoliths and Dimensions s'invitent des choeurs et du jazz. Le chanteur de Mayhem passe faire coucou et le titre Alice fait référence à l'épouse Coltrane, légende de la harpe. On est plus sur une messe mystique totalement fascinante.
À titre perso, je savais que cet album me changerait, je l'avais gardé pour une occasion particulière. Une nuit d'été, en pleine insomnie, où une éclipse se doublait d'une lune des moissons. Observer l'astre roussi en me prenant cette tempête dans les oreilles m'a, je pense, un peu changé. Depuis, j'aime d'autant plus mon metal qu'il est bizarre... et j'ai fini par apprécier à peu près tous ses sous-genres. Même ceux qui n'ont pas le bon goût d'être aussi expérimentaux. Les gens changent...
Genre: Doom metalTop #20 de la journée |
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