1991 : Viré de Dinosaur Jr, appelé à devenir culte, par un J Mascis de plus en plus tyrannique, Lou Barlow s’investit dans Sebadoh avec l’intention d’y mettre tout ce qu’il veut, puisqu’ici au moins personne ne peut l’emmerder. Après deux albums faisant office de défouloir, le troisième, ainsi nommé, semble témoigner d’un peu plus d’ambition à défaut de gagner en concision. Toujours aussi long et hétérogène, toujours enregistré avec les moyens du bord, l’album ménage des moments où la qualité du songwriting explose derrière le son de guitare résolument lo-fi. Lou Barlow ne trie pas, mais fait preuve d’une générosité qui le dépasse : tout est jeté là, et les musiciens de la décennie qui s’ouvre n’auront plus qu’à se servir. Sebadoh continuera son chemin avec notamment un Bakesale qui saura mieux capitaliser sur les désirs de l’époque, mais il n’y aura jamais d’autres albums qui sauront à ce point défricher le terrain de l’indie rock.
2021 : Je me procure le livre Alternative Nation de Jean-Marie Pottier, dont j’ai aimé jusqu’ici tous les livres. Consacré à la scène rock américaine de l’après-punk jusqu’aux attentats du 11 septembre, j’y retrouve plein de noms que j’ai toujours vu passer et que, par négligence et une certaine forme d’écoeurement musical, je n’avais jamais exploré. Beaucoup plus motivé cette fois, je comble mes lacunes et dresse enfin des ponts entre mes chefs d’oeuvre de toujours, Sonic Youth, Pixies et les groupes d’Elephant 6 comme Neutral Milk Hotel. La montagne est immense mais je sais désormais que le plus important est de prendre son temps. Husker Dü, Replacements, Mudhoney, Guided by Voices, Low, Pavement, Built to Spill, Modest Mouse, Songs Ohia… Je ne vais pas mentir, j’ai l’impression d’avoir enfin trouvé ma religion. Parmi les albums cités, un album que j’ai déjà écouté, il y a plus de 10 ans, mais qui n’avait pas survécu à la quantité astronomique de musique que je dévorais à l’époque. Je me souviens d’un seul morceau : « Violet Execution ». Cette fois-ci, je comprends enfin, cet album est à la racine de tout ce que j’aime. Je ne sais même pas si je l’aime tellement que ça, mais je sais que chaque fois que je le réécoute, j’y trouve quelque chose de nouveau.
Genre: Lo-fi, Indie rockTop #20 de la journée |
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