"Notre espoir repose sur les jeunes gens qui souffrent de fièvre…" Ernst Junger
"Why don't you tell me 'bout the mystery dance..." Elvis Costello

1977. Un lunetteux pose fièrement avec sa guitare sur une pochette damier. Nous, les jeunes ados binoclards à gros hublots mangeurs de joues venons de trouver un nouveau héros. Après Buddy Holly, Hank Marvin, Roy Orbison…

1980. Get happy! De tous mes disques préférés d'Elvis Costello, pour faire court de My aim is true jusqu'à Blood and Chocolate, c'est mon disque préféré d'Elvis Costello.
L'album dense, intense - 10 titres par face, 20 au total, 48 ' - démarre sur les chapeaux de roue avec un titre 'Love for tender' qui emprunte sa rythmique survitaminée  au "You can't hurry love" des Supremes. Suivent  19 chansons sans aucune baisse de régime. Tout le disque est une déclaration d'amour à la soul musique. Peut-être, dit la rumeur, un acte de contrition suite à un événement très alcoolisé peu glorieux - mal interprété dira l'intéressé - où se mélangent les noms de Stephen Stills, Ray Charles et James Brown.  Costello est en forme, en voix et en verve ("High fidelity can you hear me…"), les Attractions sont stratosphériques de Bruce Thomas, Mr Bass Imperator, à l'immense Pete Thomas "the grandfather clock" à la batterie  en passant par l'impérial Steve Nieve sur tous les claviers aux doigts touchés par les ailes de la Grâce. Ce qui, si j'en crois EC lui même,  ne semblait pas être le cas lors des premières tentatives de capture de ces titres. Dans son autobiographie (ultra-recommandée) "Ecriture invisible et encre sympathique", il raconte que lors de ces premiers enregistrements le groupe n'était qu'une caricature de lui-même. Aux grands maux , les grands remèdes : "Je suis allé faire un tour au Rock On, le magasin de disques d'occasion de Camden Town, et j'ai acheté tous les vieux 45t de Stax qu'ils avaient dans leurs bacs avant de retourner chez moi pour les piller"

La pochette signée Barney Bubbles, avec sa fausse usure du 'rond central', est formidable.

Le disque sort le 15 février 1980. Au mois de juillet, les Dexy's Midnight Runners dégainent "Searching for Young Soul Rebels" (pixelized du 19 mars 2025), un autre disque très 'soulfullness'. Certains se prendront à espérer l'émergence d'un revival blue-eyed soul. L'avez vous vu ?  Moi pas.

note : A posséder en vinyle, les outrages du temps ne feront jamais plus de dégâts que les néo-maîtres du mastering post numérique (les esthètes opteront pour un pressage britannique). J'aime bien. Dans le temps, il y avait il me semble une revue dont je ne retrouve plus le nom (mon frère, cet imbécile criminel, a jeté toutes ses revues avant que je ne mette la main dessus) qui donnait ce genre de conseils haute fidélité (on y revient).

alternative tracks : Graham Parker : Hey Lord Don't ask me questions. Nick Lowe : Big kick, plain scrap !