J'ai pas eu de le temps d'écrire un truc, j'ai choisi la pochette à 22h hier, en même temps est-ce bien nécessaire hein?
Mais heureusement que j'ai quand même mon pote David Bowie qui est capable de me faire ça plus rapidement que n'importe quel blitzer ici :
Chronique de The Stooges (1969) — Par David Bowie (ou presque)
Ah, 1969. L’homme posait le pied sur la Lune, pendant que sur Terre, un autre genre de météorite s’écrasait sur la planète Rock. Elle portait un nom simple, animal, guttural : The Stooges. Un mot aussi brut que le son qui s’en échappait. C’était l’Amérique profonde, crue, livide. C’était Iggy Pop — ou plutôt James Osterberg, une sorte de Dionysos torse nu sorti d’un garage du Michigan pour venir cracher ses tripes à la face du monde.
Lorsque j’ai écouté The Stooges pour la première fois, j’ai entendu quelque chose que je n’avais jamais entendu auparavant. Une honnêteté brutale, sans vernis, sans costume, sans prétention. Et pourtant… quelle théâtralité dans cette absence totale de théâtre. Iggy ne joue pas : il est.
“1969”, la première piste, commence avec une batterie martiale, presque militaire, puis une guitare en boucle, entêtante comme un néon qui grésille. Ce n’est pas encore la révolution glam, mais c’est déjà l’insurrection du corps. Iggy gémit, grogne, prophétise l’ennui adolescent comme si c’était une apocalypse privée. Et ça l’est, en un sens.
“I Wanna Be Your Dog” ? Une prière perverse, un mantra primitif. Le riff est d’une simplicité désarmante — trois accords comme trois coups de poing au plexus. Mais quelle puissance ! C’est Velvet Underground sous stéroïdes, ou peut-être les Rolling Stones sans la frime. C’est sexy, mais pas séducteur. Ce n’est pas un appel : c’est une déclaration de guerre.
Ron Asheton, lui, ne joue pas de la guitare, il sculpte le bruit. Chaque distorsion est une blessure ouverte, chaque solo un cri étouffé dans l’acide. Et ce que John Cale (ce cher sorcier gallois) a fait en tant que producteur n’est rien de moins qu’un rituel vaudou sonore. Il a su ne rien lisser, ne rien polir. Il a laissé le chaos respirer.
“We Will Fall”, cette incantation krautrock avant l’heure, vous transporte dans un monde parallèle, moite, tribal, suspendu. On croirait presque entendre Nico réciter des vers dans une grotte, pendant qu’Iggy, chamane halluciné, pousse des soupirs d’un autre monde.
Cet album, mes amis, c’est la promesse d’une révolte, d’un futur plus brut, plus sauvage. Il n’a pas été compris tout de suite — comme toutes les grandes révolutions. Mais il a semé la graine. Sans The Stooges, pas de punk. Pas de grunge. Et peut-être même pas Ziggy.
Alors oui, The Stooges, ce n’est pas un album parfait. Mais c’est un album nécessaire. Il sent la sueur, le sperme, la frustration, la rage. Il sent la vérité.
Et dans le vacarme du monde, parfois, c’est tout ce dont on a besoin.
— D.
Genre: Garage Rock, Proto-Punk, Heavy PsychTop #20 de la journée |
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